Villanelle de la Lune en croissant
Comme une Pomme véreuse,
Ce Soir elle s'arrondit,
La Légende est ténébreuse.
Cette Face douloureuse !
Lune, qui donc t'enlaidit
Comme une Pomme véreuse ?
Elle serait amoureuse
D'un terrible et beau Bandit,
La Légende est ténébreuse :
Une Enfance miséreuse,
Un Père qui le rendit
Comme une Pomme véreuse ;
Une Vie aventureuse
De Débrouille et de Crédit,
La Légende est ténébreuse ;
Chez la Famille Doreuse
Un Cadenas qu'il fendit
Comme une Pomme véreuse ;
Puis dans une Rue ombreuse
Un Bourgeois qu'il descendit,
La Légende est ténébreuse.
Son Nom, la Foule peureuse
Le condamne et le maudit
Comme une Pomme véreuse ;
Car la Gent d'Arme sabreuse
Enquêta, le confondit,
La Légende est ténébreuse ;
La Justice vigoureuse
Décréta qu'on le pendît
Comme une Pomme véreuse.
Or par cette Nuit cendreuse
Il leva ses Yeux, tendit,
La Légende est ténébreuse,
Son Âme à notre Éclaireuse :
Le Nœud cède, il rebondit
Comme une Pomme véreuse.
Plus tard l'Astre généreuse *
Près du Voleur s'étendit,
La Légende est ténébreuse ;
Elle se fit langoureuse,
Mais la Brute la mordit
Comme une Pomme véreuse.
Il laissa la Malheureuse
Derrière un Poing qu'il brandit,
La Légende est ténébreuse ;
D'où cette Blessure affreuse
Quand la Lune resplendit
Comme une Pomme véreuse ;
La Légende est ténébreuse.
* Je sais.