Être soi
Si, partant sur les Routes lointaines
D'un Pays de Misère et de Faim,
Ton Aumône allège quelques Peines
Pour ton Âme et ton Salut de Fin,
Si l'Enfant qui réchauffe ton Couple
T'est plus cher que l'Ami de vingt Ans,
Si tu crois, avec ta Règle souple,
Être l'un des Pères méritants,
Si ta Femme est ton autre Toi-Même,
Et ta Vie, et ta Joie, et ton Cœur,
Si tu n'as rien d'autre qu'un « Je t'aime »
À chanter pour en être Vainqueur,
Si l'Auteur que révèle ta Plume
Satisfait quelques rares Publics,
Sans Souci de la basse Amertume
D'un Jaloux qui te trouve des Hics,
Si ton Vers, qui pénètre ton Monde
Sous le Vent de tes purs Sentiments,
Nous révèle, au Gré de ta Faconde,
Tes Bonheurs comme autant de Diamants,
Si ta Foi te proclame Rebelle,
Dressé fier contre l'Autorité,
Tel Icare au Ciel ouvrant son Aile
Pour franchir les Seuils d'Infinité,
Si tu peux dire un Jour, sans Nuance :
« Je suis libre et suis blanc comme Lys »,
Ce Jour-là, que je maudis d'Avance,
Tu seras Égoïste, mon Fils.